« Pistolet MATCH GUNS MG II RF»   par Christian Raynaud

5/8/16
révisé

TEST

 

 

                          Cette fois-ci, ce n'est plus "Morini" mais "Match Guns" et il s'agit bien de Monsieur Cesare Morini!
Les anciens tireurs savent que ce nom est associé à une marque de crosses de pistolets devenue une référence. C'est d'ailleurs à un point tel qu'une crosse quelconque avec un vague aspect anatomique est nommée "crosse Morini", comme on appelle « frigidaire » n'importe quel réfrigérateur!
Soit, et sans écrire l'histoire, sachez que, devant le succès de sa conception morphologique de la prise en main, Cesare Morini s'est lancé dans une petite industrie en s'alliant avec une société suisse (de langue italienne) pour fonder, en 1977, "Morini Competition Arms S.A.".
Tireur et bricoleur inventif, C. Morini ne pouvait bientôt résister au désir de concevoir ses propres pistolets et il a élargi, en 1985, son savoir faire aux pistolets de compétition.
Dans cette étude, il ne s’agit plus du produit de sa collaboration avec l’atelier suisse et qui porte son nom propre (encore aujourd’hui, pour d’obscures raisons de contrats, de droits, de brevets…) mais bien d'un retour à son indépendance et vers ses premières idées. (Voir ,dans ce même site, l'étude du CM 22 M).

Depuis la sortie de ce modèle (et de nombreux petits ennuis de fonctionnement...), le MG2 RF a fait d'énormes progrès: de nombreuses pièces ont été améliorées dont les plus essentielles: culasse, "cuiller" de relevage des cartouches, extracteur, bascule supérieure. On peut citer également la platine électronique, enfin devenue très fiable dès la troisième génération.

Nous venons de trouver sur youtube une superbe animation très didactique sur le fonctionnement des MATCH GUNS:

https://www.youtube.com/watch?v=vEgC616CLAY   Attention: COPIER ce lien pour le placer dans votre navigateur, pas d'hyperlien!!!!!


Las, le nom étant pris (!), Cesare a dû se résoudre à fonder "Match Guns". Comme on ne peut toutefois l'empêcher de signer son travail, le pistolet demeure un MORINI...

Pionnier, bien avant tous les autres, il me montra, dès 1991, un pistolet à détente électronique et, première absolue, un système de magasin TUBULAIRE! A l'époque, la "Vitesse Olympique" se tirait en .22 SHORT et, avouons le, le système n'était pas sans quelques ratés...
Le .22 LONG RIFLE, pistolet "Standard", fonctionnait, lui, magnifiquement. Le changement des règles ISSF qui font maintenant tirer la VO dans ce calibre ont permis un beau développement de ce concept que nous retrouvons ici avec un maximum d'efficacité.
Signalons également que Cesare Morini, déjà à l'époque, était un partisan de l'AIR précomprimé pour le tir à 10 m alors que le CO2 tenait le marché.


 Cesare Morini, en 1991 comme en 2007...

L’architecture n'est plus conventionnelle du tout, particulièrement par son magasin tubulaire, son chien inversé et son mécanisme de détente complexe et performant.

Une version à détente électronique existe mais nous n'avons pu l'essayer pour le moment. Cesare Morini était, bien avant tout le monde, un fervent défenseur de ce type de détente alors que le scepticisme régnait chez les fabricants en place. En 91 par exemple, Gianpiero Pardini me disait, convaincu, ne pas y croire... alors qu'aujourd'hui les nouveaux pistolets de sa marque en sont pourvus!
 

 

On sait le faire depuis de nombreuses années: l'axe du canon passe au plus bas possible au-dessus de la main tandis que l'axe du ressort récupérateur, lui, est DANS la main. Nous avons déjà vu des pistolets plus extrémistes dans cette recherche alors que celui-ci semble plus sage. De même, la ligne de mire est à 22 mm au-dessus.(cote X)
Ce n'est donc pas dans cette seule cinématique générale qu'il faut rechercher les causes de l'exceptionnelle stabilité du MG au départ des coups.

Dès l'abord, le design est surprenant avec toute sa mécanique bien visible alors qu'un tendance dominante est au "carrossage" masquant.
Sur ce modèle-ci à détente mécanique,pesé à 1110 gr., le centre de gravité passe bien largement en avant. Malgré cela, pas de sensation de "canne à pêche".
Les positions de la queue de détente sont ajustables au-delà de tous les souhaits.

On voit le petit chien qui s'abat et le bouton pour tir à sec, en "C".
La grande idée de ce MGII est, sans aucun doute, son magasin tubulaire. Il en est ainsi terminé des contraintes d'un "chargeur" plus ou moins droit placé quelque part dans la poignée ou verticalement en avant du pontet.
Afin de résoudre le délicat problème de l'introduction des cartouches dans la chambre, Morini a dû imaginer un système qui s'apparente à une "cuiller" basculante mue par le mouvement de la culasse-glissière. Et ça marche!

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La bascule en cuiller dans ses 2 positions. L'éjecteur est au centre.

Un amortisseur en caoutchouc réduit le choc dû à la fin de course en arrière


La rançon à payer pour ce type de mécanique est la relative complexité de démontage. Ce sont 3 vis qui maintiennent le canon (ce qui suffit à le nettoyer) et 4 pour la partie supérieure, plus délicate à manipuler.
 

Le tube-magasin est en plastique, il pèse 10 gr.; la carcasse 208 gr. et la pièce

supérieure (anodisée en bleu), 130 gr.


L'architecture mécanique résolument particulière du MG II réduit au minimum le volume de carcasse à loger dans la crosse.
C'est ainsi que l'on peut réaliser la meilleure adaptation anatomique possible. D'origine, les volumes en sont plutôt dessinées pour les mains charnues. Cela signifie qu'il faudra probablement plus AJOUTER de la matière que d'en retrancher afin d'en parfaire la personnalisation. Des vis ingénieusement placées permettent de modifier la position relative de la poignée par rapport au pistolet, tant en inclinaison qu'en azimutage.

Avec ce schéma, découvrez le méga-pontet qui abrite la carte électronique du modèle "E".

L'arrêtoir de culasse "A" est présent sur tous les modèles.

 

Cette glissière est pratiquement aussi légère (env. 90 gr.) que ce que l'on pouvait trouver en "Rapid Fire" lorsque la discipline se tirait en .22 SHORT! C'est dire la rapidité de ses mouvements qui contribue à la réaction très discrète au départ des coups. De plus, le retour en avant est amorti par 4 pistons avec ressorts, cela renforce l'impression de douceur des mouvements. Le percuteur, très court, n'a pas d'inertie.


Cet ensemble canon/contrepoids en acier pèse env. 470 gr.

Il existe une version légère en aluminium "Ergal".

On remarquera la taille trapézoïdale du guidon, bonne méthode anti-reflets.

Détail des pièces constituantes des amortisseurs.
 La vis-bouchon est freinée au montage en usine. Cependant, si un démontage a été nécessaire, il est important de remettre ensuite un peu de LOCTITE "frein filet": les vibrations répétées pourraient faire tomber les vis... et perdre pistons et ressorts!

A l'heure ou les fabricants cherchent à réduire le cabrage au départ des coups pour leurs versions "Vitesse" de pistolet "standard " au moyen d'amortisseurs coulissants (Pardini, Tesro...), Morini a choisi de suivre la même filière qu'aux temps du .22 court: réduction des masses en mouvement et rapidité, amortisseurs de fins de course AV et AR. Ultime subtilité: les 4 cylindres placés dans le contrepoids, d'environ 10 gr. chacun, servent d'amortisseurs de recul par inertie dans un sens et d'amortisseurs de retour de culasse dans l'autre!

Au TIR, cela paraît diablement efficace tant la réaction est vive et de faible amplitude. Le guidon revient très sainement en cible sans vibration parasite; Il nous semble aujourd'hui que le MG II RF est le meilleur choix pour travailler les séries en 4 sec.  avec une bonne annonce. L'annonce étant, comme chacun sait, gage de progrès et de performances.

Le mécanisme de détente
Sans doute la partie la plus délicate à réaliser et la plus fine à régler, elle est l'interface des sportifs ambitieux.
 
 Le chien est une petite et très légère pièce dont l'abattu est assuré par la rétraction d'un ressort étiré lors de l'armement, au contraire de la tradition qui utilise la décompression. De plus, ce ressort est longitudinal à l'axe du canon: son mouvement ne génère pas de couple parasite. On distingue la queue de gâchette.


Détente mécanique


détente électronique

Le départ de ce pistolet peut être réglé presque totalement selon routes les configurations souhaitables: Rapports des phases, absence de jeu préalable à la prise d'accrochage, netteté extrême et nécessité très limitée de relâchement de l'index pour la séparation des coups.(exit les fautes de relâchement insuffisant!)
1- longueur de première phase
2- longueur d'accrochage (bossette)
3- poids de précourse
4- poids du départ
5- Trigger stop (ou backlash)

On remarque surtout ici que la vis de réglage de la longueur d'accrochage a disparu: cette détente ne peut être que NETTE! (car il s'agit d'un contact électrique, sans la contrainte de devoir supporter une pression de déclenchement). Rn théorie, il ne peut y avoir de rafales!
En rouge, le contacteur/électro-aimant.
Le constructeur prévient d'un temps de réarmement minimal (sans doute la charge d'un condensateur) de 28/100 de sec.  En jouant avec un chronomètre à compter le temps le plus court possible, on descend rarement en-dessous de 30/100 sec...

Nous espérons pouvoir tester cette version MG II E RF bientôt...


       

La hausse est une belle pièce mécanique, bien usinée et clairement marquée du sens des clicks de réglage:
1- hauteur
2- latéral
3- largeur du cran de mire
4- hauteur du cran de mire
Elle est du type "VD-VD": visser-droite et visser-descendre. 1 click vaut env. 7 mm à 25 m.
Le réglage en profondeur du cran de mire est rarement présent dans la conccurence. Sans doute pratique, il fait l'objet du seul reproche que nous ayons à faire parce qu'il est constitué d'une tôle. En cas de choix d'un cran peu profond, l'arête de cette tôle reflète la lumière! Ce réglage peut être, sans doute, un atout pour certains tireurs.

Caractéristiques:

Calibre .22 LR, canon de 152 mm
Longueur: 300 mm
Hauteur: 140 mm
Largeur: 50 mm
Poids: 970-1160 gr., modèle E 1005-1195 gr.
Poids de détente en 2 phases: 1/ 500-1000 gr. 2/ 600-200 gr. (80 gr. seulement pour le "E"!)

Test des munitions et régularité des vitesses:

On remarque l'exceptionnelle régularité des Lapua OSP 25 dédiées à la Vitesse Olympique, mais leur vitesse initiale demeure élevée et proche des 280 m/sec.  Pour le moment, les RWS SP250 restent notre préférence.
Les nouvelles RWS C25, moins chères, sont un choix majeur pour l'entraînement, voire la compétition.

Le pistolet est livré dans une très jolie petite mallette bleue ...
Dommage qu'elle ne ferme pas à clé: la législation va vous obliger à la laisser sans emploi ou à la munir d'un cadenas disgracieux!

On pourra consulter avec intérêt le site consacré par un tireur à ce pistolet qui l'enchante:
http://monsite.wanadoo.fr/le-mg-2/index.jhtml